La compagnie espagnole Swiftair, propriétaire du DC-9-83 affrété par Air Algérie qui a crashé en juillet 2014 au nord du Mali, a été mise jeudi en examen en France, ont annoncé des médias français.
Il s'agit de la première mise en examen dans cet accident qui a fait 116 morts, parmi lesquels 54 Français. Est retenu contre la compagnie espagnole l'"homicides involontaires par maladresse, imprudence, inattention, négligence ou manquement à une obligation de prudence ou de sécurité".
C'est un avion McDonnel Douglas MD-83 et deux pilotes de Swiftair, un homme et une femme, qui effectuaient ce vol entre Ouagadougou et Alger pour le compte de la compagnie algérienne.
Il est essentiellement reproché à la compagnie espagnole une formation et un entraînement insuffisants des deux pilotes, qui étaient saisonniers, avec d'importantes périodes d'inactivité.
Le vol AH 5017 d'Air Algérie avait décollé, rappelle-t-on, le 24 juillet 2014 à 0h45 (heure locale) de l'aéroport international d'Ouagadougou à destination de l'aéroport Houari-Boumediene d'Alger avec 116 personnes à son bord. Une heure après, Air Algérie avait annoncé avoir perdu tout contact avec l'appareil alors qu'il survolait le Mali.
L'avion s'était écrasé dans le nord du Mali, dans la région de Gossi, avec 110 passagers à bord, dont des Algériens, des Français, des Burkinabès, des Libanais et six membres d'équipage, tous Espagnols.
Swiftair, dont la responsabilité était pointée du doigt, est mise en examen pour "homicides involontaires par maladresse, imprudence, inattention, négligence ou manquement à une obligation de prudence ou de sécurité".
L'expertise judiciaire sur le crash avait confirmé en mai 2016 à Paris les défaillances techniques du DC-9-83 de Swiftair, révélées en avril dernier par le du Bureau d'enquêtes et analyses (BEA).
Les avocats représentant l'Association AH5017-Ensemble, constituée de familles des victimes, ont estimé à l'époque que des questions se posent sur la formation des pilotes et l'information des compagnies par les constructeurs .
Les conclusions du rapport du BEA, autorité française d'enquêtes de sécurité de l'aviation civile, avaient fait état que le système antigivre n'a pas été activé par les pilotes, relevant qu'aucun problème n'a été signalé par l'équipage lors de ses contacts avec les contrôleurs aériens d'Ouagadougou et de Niamey et aucun message de détresse n'a été reçu par les centres de contrôle.
L'accident résulte de la combinaison des événements suivants : la non-activation des systèmes d'antigivrage des moteurs, l'obstruction des capteurs de pression, la réaction tardive de la part de l'équipage à la diminution de vitesse, l'absence de réaction de la part de l'équipage à l'apparition du buffet, du vibreur de manche et de l'alarme de décrochage et l'absence d'actions adaptées sur les commandes de vol pour sortir d'une situation de décrochage , avait résumé le rapport.
Des experts français avaient déclaré en janvier dernier, que les deux pilotes n'étaient pas préparés face à ces situations d'urgence et n'avaient pas effectué de formation complémentaire sur simulateur sur certaines procédures telles que le décrochage et la récupération. La cerise sur le gâteau était que la copilote exerçait en tant que puéricultrice durant plusieurs mois par an. Une nouvelle qui avait scandalisé les familles des victimes.