09 février 2004. Il est 15h 15 environ. Un avion inattendu se pose à l'aéroport international de Ouagadougou. A bord, 178 passagers tous Français. Ceux-ci ont quitté Paris pour se rendre qui, à Mopti (au Mali) qui, en Mauritanie pour y passer leurs vacances. Mais au lieu de ces destinations, c'est à Ouagadougou que l'avion s'est finalement posé sans autorisation préalable.
Que s'est-il passé ? Et le commandant de bord M. Levy Bernard de répondre : "Notre destination c'était Mopti au Mali. Mais le Mali ne nous a pas donné l'autorisation d'atterrir alors que nous avons tous les papiers ; toutes les autorisations valides jusqu'au 27 mars 2004(...). Il a fallu donc dérouter. Voilà pourquoi nous nous sommes retrouvés ici à Ouagadougou". La situation telle que présentée par le commandant de bord du boeing 737-800 semble normale, voire naturelle.
Mais la partie burkinabè n'a pas voulu se contenter d'une explication aussi simple (sinon simplice) de la situation. Ainsi, après l'atterrissage, l'avion a été immobilisé sur le tarmac de l'aéroport. Des éléments de la sécurité, de l'aviation civile... ont été mis en alerte. La préoccupation à leur niveau, ce n'était pas que s'est-il passé ? Mais plutôt "que se passe-t-il" ?
Dans un premier temps, les passagers n'ont pas été autorisés à débarquer.
La situation a été prise très au sérieux par le Burkina. En effet, à un équipage qui soutient ne pas savoir pourquoi, il n'a pas été autorisé à se poser à Mopti, il ne fallait écarter aucune piste. Ainsi, pendant que des tractations se menaient à l'aéroport de Ouagadougou, les autorités de l'aviation civile burkinabè étaient également en contact avec la partie malienne pour mieux comprendre ce qui se passe.
Un problème administratif...
Auprès de l'Administration nationale de l'aéronautique civile du Mali, les Burkinabè ont pu avoir l'information suivante : "Le 27 octobre 2003, sous pavillon d'Air Mauritanie, la compagnie Euralair, malgré la non obtention des droits de trafic, a effectué un vol sur la relation Atar - Mopti - Nouakchott".
Pour les autorités de l'administration de l'aéronautique civile malienne, ce vol opéré sans l'autorisation sur la relation Atar- Mopti-Nouakchott constitue une infraction aux lois et règlements du Mali. Cette version nous a été donnée par le directeur général de l'Aviation civile et de la météorologie, M. Raphaël Salembéré.
Par conséquent, le Mali a décidé de sévir. Décision a alors été prise d'interdire toute activité de la compagnie Euralair au Mali. C'est dire que le fait pour le Mali de ne pas autoriser le Boeing 737-800 de se poser sur le sol le 9 février est dû à des problèmes administratifs. Et voilà ce qui est venu rassurer la partie burkinabè qui a tout de même procédé à certaines vérifications. Les inspecteurs de l'aviation civile (Abel Sawadogo et le commandant Fousséni Sanogo) ont procédé au contrôle de tous les documents de bord et ceux de l'équipage. En outre, les équipements fixes de sécurité et de surêté de l'avion ont été contrôlés.
Le commandant de bord par contre ne semblait pas être au courant de ces problèmes administratifs qui opposent Euralair à l'administration de l'aéronautique civile malienne. Sur notre insistance, il a lâché les mots suivants : "Je n'ai absolument pas de réponse à vous donner... Je ne sais pas... Je ne sais même pas si j'en aurai un jour...
"J'ai donné les références au vol... par radio j'ai communiqué avec la tour de contrôle et ils ont refusé de me donner "l'autorisation d'atterrir...". Les 178 passagers au départ de Paris ont finalement été autorisé à débarquer. Ils y ont effectué les formalités de police, de douane et de santé. Les passagers à destination de Mopti pourront s'y rendre par la route.
Ceux-ci ont été pris en charge par une agence de voyage. Les autres à destination de la Mauritanie doivent en principe décoller à bord du même avion le 10 février dans la matinée. Pour avoir violé le territoire burkinabè, l'équipage de la compagnie Horizon (qui a racheté Euralair) affrétée par Star airline (une compagnie charter) a dû payer une amende.
Mis au courant de "l'incident", le consul de France au Burkina s'est rendu à l'aéroport de Ouaga le 09 février pour y assister ses compatriotes. Il s'est félicité, après le dénouement de l'affaire, des très bons contacts qu'il a eus avec les autorités burkinabè.
Rabankhi Abou-Bâkr ZIDA (Email : rabankhi@yahoo.fr)
Sidwaya